Ma plus grande blessure de vie..et de loin
May 17, 2025
Ça fait plusieurs mois que je suis traversée par une grande souffrance. Je l’ai nommé quelques fois ici : je vis des choses très profondes, voir étourdissantes (comme beaucoup d’humains en ce moment, peut-être. Si tu te reconnais, I’m with you 🤝).
Mais je n’ai pas nécessairement nommé quoi, exactement. J’étais dans une rencontre avec une thérapeute exceptionnelle, récemment, cassée en deux. Avec toute la douceur du monde, elle me glisse : tu sais, ce que tu vis en ce moment, ça pourrait peut-être aider des gens si tu le partageais à d’autres, et t’aider, toi. As-tu déjà pensé à en parler sur tes réseaux sociaux?
Moi : Face surprise. J’ai pensé : Parler de ça!? Mon dieu, avec la couche de honte énorme qu’il y a par-dessus, je n’ai jamais réellement considéré le partager, non.
Mais, ça a raisonné. Alors, dans une optique d’évolution ensemble, et thérapeutique, je vous partage ça aujourd’hui.
Ce que cette thérapeute m’a aidée à cibler, c’est qu’un pattern profond se rejoue dans ma vie en ce moment (ben quin!). Un pattern qui me jette à terre à chaque fois, m’écroule. Vraiment. Qui fait que je me ramasse dans un espace très sombre, que je m’isole, et que je ne laisse plus personne entrer, même pas mes proches de longue date (ça commence à peine à changer, tant mieux). C’est difficile de venir m’y chercher. Ce pattern porte en son cœur, et de loin, ma plus grande blessure de vie.
On ne naît pas tous dans des milieux qui nous voient justement. Qui reconnaissent notre essence, nos qualités. Certains, comme moi, ont été démonisés dans l’enfance. Par-dessus cela, le beau que je portais était comme ...invisible. Mes qualités d’enfant (intuitive, droite, aimante, protectrice, brillante, petite star qui faisait des spectacles)... non vues. Non nommées. J’en ai déjà parlé brièvement ici, mais mon âme d’enfant a tout emmagasiné ça très profondément. Si profondément... que dix ans de méditation et de développement personnel commencent tout juste à déterrer cette petite fille qui se cache encore seule dans sa grotte, via à un accompagnement thérapeutique qui a été tellement nécessaire (D'ailleurs, vivement de ne plus rester seul(e) avec ces grands traumatismes de vie. Si l’importance de recevoir de l’aide et d’être accompagné dans ces grands blessures peut être partagé grâce à ce texte, alors ce sera réussi)
Le résultat ? Et ce sur quoi j’ai envie de me concentrer aujourd’hui - pas nécessairement qui ou qu'est-ce qui m'a été dit - c’est que j’ai grandi avec une vision de moi complètement détruite.
- J’étudiais en médecine et avais des notes en haut de la moyenne : j’allais échouer le prochain examen parce qu'au fond j'étais une incapable (je le pensais réellement)
- J’étais belle : je me trouvais laide. J’ai vu des photos de moi à 20 ans récemment, ça m’a brisé le cœur de voir à quel point je me dégoûtais physiquement à cette époque, je m’en rappelle pertinemment.
- Quand une personne me fait du mal, je pense automatiquement que c’est de ma faute et que je le mérite « Je suis dont une mauvaise personne »
C’est justement, exactement, ce pattern-là, qui se rejoue en ce moment, et qui me montre que clairement, ma vision de moi est loin d'être guérie de ce que j'ai vécu. Le pattern en question :
- Je me lie avec une personne (relation intime, amicale ou professionnelle, non rarement qui a une certaine position d’autorité).
- J’observe des comportements blessants, voire abusifs de sa part (invalidation, contrôle, blâme excessif et injuste, etc.).
- Je mets une limite ou je me retire du lien pour me protéger.
- Cette personne me démonise. Ne prend pas responsabilité pour ce comportement et me pointe du doigt comme le vilain, le problème (trop sensible, trop blessée, contrôlante, folle, name it)
- Elle partage cette version noire de moi à son entourage, qui l’accepte et la croît à différents degrés.
- Je perds tout sentiment de sécurité dans le groupe.
- Je me retire complètement du groupe en question, en me sentant profondément trahie, détestée, dans une détresse et impuissance.
Donc en résumé : Abus/comportements blessants → Invalidation → Diffamation.
La souffrance que ce schéma réveille est incommensurable. Ex-trême. À chaque fois, je tombe en choc. Je ne me souviens plus de qui je suis. J’oublie que j’ai des proches qui m’aiment de longue date et me connaissent, sans penser cela le moindrement. J’en ai même eu des idées noires à plusieurs reprises dans ma vie.
Eckhart Tolle parle du « corps de souffrance » de certains humains qui peuvent être très discret, mais lorsque déclenché, très intense (je sais pas à qui ça vous fait penser, tsé).
Je ne parle pas ici de gens complètement random, de « haters » des réseaux sociaux. Je parle d’une personne avec qui j’ai eu une certaine intimité ou confiance qui se retourne contre moi, et apporte d’autres dans cette violence.
Puis, c’est comme si j’assume automatiquement que tout le monde pense comme la personne qui m’a fait du mal... Comme une patate pourrie dans un sac : une seule peut contaminer tout le reste. Je l’ai vécu entre autres au secondaire. Une amie de qui j’avais pris mes distances avait commencé à dire des choses horribles sur moi. (Elle est folle, elle doit aller se faire soigner chez le psychiatre) Et je les croyais. Jusqu'à ce que je reçoive, à la fin, le prix du rayon de soleil de la cohorte. Moi, ça ? Je croyais que tout le monde me détestait à cause d’elle!
En ce moment, j’ai les deux pieds dans cette souffrance. Mais je travaille très fort sur certaines choses:
- Quand elle se déclenche (si j'arrive à en être consciente au lieu de juste rentrer dedans directement), j’essaie de rester ancrée en présence. Honnêtement, même si ça fait des années que je fais de la méditation et pratique la présence avec les enseignements d’Eckhart Tolle, j’ai l’impression que cette souffrance en particulier est comme Bowser dans Mario Bros. Le dernier des derniers Bowser. Le plus gros. C’est super dur, elle me happe direct. Même en écrivant ce texte j’ai dû m’arrêter souvent pour respirer. Elle est tellement profonde.
- Accepter de l’aide. Cliché, mais tellement important de ne pas s’isoler (bien que difficile pour moi, vous comprendrez, quand j’assume que tout le monde pense comme la patate). De l’aide de mes proches, de thérapeutes qui ont une approche d’accueil de ce type de grosses émotions et grandes épreuves de vie. J’ai appris que pour certaines souffrances aussi profondes, une corégulation semble nécessaire.
- Trouver l’équilibre entre me respecter (mettre une distance avec les gens qui pensent du mal de moi sans me connaître) sans assumer que tout le monde entre dans le bateau non plus. Ce n’est pas de croire naïvement que personne sera influencé et ne mettre aucune limite, mais de ne pas nonplus assumer que c’est tout le monde et d’ériger des murs de brique partout. Le sweetspot, tsé. Vraiment pas facile, en toute transparence.
Alors, si tu as déjà été impliqué de près ou de loin par ma protection excessive de murs de briques – je m’excuse sincèrement.
Si tu as contribué à déclencher cette souffrance en croyant la patate ou en étant la patate...merci, I guess? L’abcès va bien finir par se vider à force d’être attaqué, je ne peux pas croire.
Je sais pertinemment qu’on ne s’incarne pas ici pour sauter sur des arcs-en-ciel. On vient ici pour transcender des souffrances. Parfois, de très grandes souffrances. Celle-ci, c’est la mienne. C’est mon chemin de vie. Mon cheval de bataille. En tout cas, c’est mon plus grand souhait, de la guérir🙏 Mon intuition me dit que si je transcende ça, je transcende tout. Mais it’s un tabar*** de défi, vraiment.
J’aspire à un monde où on peut ouvrir la conversation sur ces grandes blessures de l’âme sans honte, dans la bienveillance, pour s’en libérer ensemble. Je fais un pas dans cette direction aujourd’hui, en espérant que ça peut aller tendre la main à quelqu’un qui est tout seul dans sa caverne.
P.S. J’aimerais rappeler, aussi, qu’on a le droit de choisir notre famille <3 Qu’on n’a pas besoin de la permission de personne pour le faire xx